
Vendredi 21 Juillet 2023
21h
Orchestre du CRR de Nice
Thierry Muller (direction)
Cloître du Monastère de Cimiez
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Programme
Carl Philipp Emanuel Bach
Concerto pour flûte, en ré mineur, Wq.22
(Allegro – Un poco andante – Allegro di molto)
Thierry Muller
Concerto pour violoncelle (création mondiale)
Joaquín Rodrigo
Concierto de « Aranjuez », pour guitare
(Allegro con spirito – Adagio – Allegro gentile)
Orchestre du CRR de Nice
Thierry Muller direction
Vincent Lucas flûte
Frédéric Audibert violoncelle
Laurent Blanquart guitare
Admiré par Haydn, Mozart et Beethoven, Carl Philipp Emanuel Bach laisse l’image d’un immense claveciniste, auteur d’une méthode en 2 volumes intitulée « Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier ». D’ailleurs, le concerto que nous entendons ce soir a originellement été conçu pour le clavier. Puis, le compositeur a décidé d’offrir à la flûte une transcription de cette œuvre. Ce n’est d’ailleurs pas le seul exemple… ainsi, l’orgue, le hautbois, le violoncelle ont vu leur répertoire élargi grâce à ces transcriptions (de la main même du compositeur) d’œuvres originellement destinées au clavier. Il faut reconnaitre que ces versions « alternatives » dépassent le simple geste transcripteur, offrant une adaptation particulièrement heureuse de ces partitions.
Quant au célébrissime Concerto de Aranjuez, il constitue le premier de 5 concertos que Rodrigo écrivit pour la guitare. Malgré son sous-titre, il s’agit d’une œuvre de musique pure, sans programme aucun, mais de bout en bout rattachée à l’essence même de l’Espagne : l’utilisation de la guitare (en ce pays où naquit le Flamenco), l’évocation des jardins de Aranjuez (ces jardins du Palais Royal d’Aranjuez, initialement construit pour Philippe II d’Espagne, où de nombreux canaux entrelacés transforment ce lieu en un îlot de verdure au milieu des paysages arides de la sierra), l’utilisation enfin d’une forme très classique, avec une main clairement tendue aux danses de cour et à l’esthétique des œuvres du Padre Antonio Soler.
Savoir que cette œuvre fut composée à Paris, en 1939, ne change rien à la nature profondément nationale de cette partition : Rodrigo souhaitait transporter l’auditeur en un autre temps (vers la fin du XVIIIème siècle) et en un espace « imprégné du parfum des magnolias, du chant des oiseaux et du jaillissement des fontaines » de ces jardins d’Espagne.
Enfin, ce concert constitue une soirée exceptionnelle puisqu’elle voit la création mondiale d’un concerto pour violoncelle, écrit par Philippe Muller. Le compositeur s’exprime ainsi :
« Le concerto pour violoncelle, harpe et cordes a été composé dans le courant de l’année 2022. Il suit une forme classique en trois mouvements mais cette structure comporte quelques singularités : le 1er mouvement est lui-même structuré en trois parties : après une introduction brutale de trois mesures, composée d’une suite de quartes ascendantes, se développe un adagio, une sorte de lamentation qui fait la part belle au lyrisme du soliste et de l’orchestre, ce chant s’éteint doucement pour laisser la place à un épisode vif et rythmé dans lequel tous les pupitres se répondent et s’entrelacent. Après un épisode fugué, de plus en plus resserré, une courte cadence du violoncelle ramène le lamento du début et le mouvement s’éteint peu à peu sur un canon entre le soliste et le violoncelle solo de l’orchestre.
Le 2e mouvement tient de l’interlude, il s’agit d’une valse, troublée par une mesure « bancale » à 2 temps et demi (!!) qui s’insère régulièrement dans le discours et le déséquilibre. Il s’agit là d’une courte pièce, humoristique et parfois grinçante.
Le dernier mouvement, rapide et optimiste, permet au soliste de mettre en avant sa virtuosité et son sens rythmique. Le thème principal, heurté et véloce, cède cependant le pas lors du passage central à un chant lyrique accompagné par un ostinato de l’orchestre, ce chant est bientôt repris en canon par les solistes des pupitres de cordes jusqu’au retour du motif de départ. Une accélération se produit enfin, alternant les mouvements ternaires et binaires entre l’orchestre et le violoncelle solo qui termine triomphalement sur le motif de quartes ascendantes du début du concerto. »
Jean-Noël Ferrel
BIOGRAPHIES

Thierry Muller (©D.Jaussein)
Thierry Muller est né à Lille, en 1964. Après des études musicales au Conservatoire de Rouen, il entre en 1984 au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de flûte de Michel Debost.
Parallèlement aux études instrumentales, il étudie l’harmonie et l’écriture avec Alain Bernaud.
Dès sa sortie du CNSM, il s’intéresse à la direction des établissements d’enseignement artistique, et obtient successivement le Certificat d’Aptitude de professeur chargé de direction, puis de directeur de conservatoire.
Sa carrière le mène alors du Conservatoire Caux Vallée de Seine, en Normandie, au Conservatoire de Grenoble et aujourd’hui au Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, l’un des plus importants et prestigieux de France.
Ce parcours professionnel lui permet également de développer une importante activité de chef d’orchestre et un travail de compositeur commencé, de façon autodidacte, depuis l’âge de 16 ans.
Récompensé par de nombreux Prix nationaux et internationaux pour sa contribution au renouveau du répertoire des ensembles à vents, tradition française dont il est issu, il compose aujourd’hui pour des formations variées, allant des ensembles de musique de chambre à l’orchestre, en passant par le répertoire pour soliste et les œuvres à caractère pédagogique.
Œuvres récentes : BAGATELLES pour quatuor à cordes et clarinette (création par le Quatuor DANEL et Michel LETHIEC, clarinette), PALIMPSESTE pour guitare (création par Laurent BLANQUART, éditions Henry Lemoine), BOSSA TANGO pour orchestre de chambre.

Vincent Lucas
Actuellement flûte solo de l’Orchestre de Paris, Vincent Lucas a occupé le poste de flûte piccolo solo au sein de l’Orchestre Philharmonique de Berlin (durant le règne de Claudio Abbado) pendant 6 années, après avoir été à l’Orchestre du Capitole de Toulouse. Il mène depuis toujours une double carrière, alliant ses activités de soliste d’orchestre à celles de soliste international.
Pédagogue réputé, il donne de nombreuses masterclasses dans le monde entier. En 1995, il devient l’assistant d’Alain Marion, puis de Sophie Cherrier, au CNSM de Paris. En 1999, il est nommé professeur principal au CRR de Paris ainsi que professeur honoraire à l’Université de Toho Gakuen (Tokyo). Vincent Lucas donne de nombreux concerts de musique de chambre aux côtés de prestigieux musiciens dont Christoph Eschenbach, Marie-Pierre Langlamet, Laurent Wagschal, Elisabeth Vidal, Emmanuelle Bertrand, les solistes vents de l’Orchestre de Paris…
Depuis 2010, il enregistre en exclusivité chez IndéSENS Records, et participe aux 6 intégrales de Dutilleux, Saint-Saëns, Debussy, Gaubert, Poulenc et Jevtic, qui remportent de nombreuses récompenses : Choc de Classica, 4 Clés Télérama, 5 Diapason, Supersonic Pizzicato. Il a publié récemment des albums solistes : les Sonates françaises avec Emmanuel Strosser, les Concerti de Vivaldi avec l’Orchestre de Chambre de Toulouse dirigé par Gilles Colliard, et les Fantaisies de Telemann et Marin Marais. Tout dernièrement, est paru le CD « Paris 1900 », sur la musique française de cette époque, avec le pianiste Laurent Wagschal. Par ailleurs, ses enregistrements sont volontiers tournés vers la musique contemporaine, avec des compositeurs tels que Philippe Chamouard, Karol Beffa…
Vincent Lucas joue un instrument japonais Muramatsu.

Frédéric Audibert (©Jacques Lerognon)
Le violoncelliste Frédéric Audibert a donné des concerts et des Master-classes dans les principaux pays européens ainsi qu’à Taïwan, au Canada, en Russie, au Congo, en Israël, en Polynésie, au Japon, en Grèce, en Malaisie,aux USA, en Roumanie, en Hongrie, en Colombie…
Premier Prix du CNSM de Paris, il est nommé lauréat de la fondation Live Music Now par Yehudi Menuhin qui l’encourage à poursuivre une carrière de soliste. Il se produit dès lors dans les grands concertos du répertoire (Haydn, Dvořák, Saint-Saëns, Shostakovich, Lalo, Elgar, Honegger, Brahms, Beethoven, Bruch…), et sur instruments anciens dans les concertos de Vivaldi, Boccherini, Porpora, C.P.E. Bach, et L. Léo, notamment au Grand Théâtre à Naples.
Violoncelle solo de la ‘’Chambre Philharmonique-Emmanuel Krivine’’ jusqu’à sa dissolution en 2018, ainsi que de l’orchestre international du Festival de Musique de Dresde, il s’est produit au Alt Oper Frankfurt, au Concertgebouw à Bruges, à la Salle Pleyel de Paris, au Semperoper de Dresde, à la Philharmonie de Berlin, au Istanbul Hall, au Beethovenhalle de Bonn, au Cadogan Hall à Londres, au Staatsoper de Münich, au Teatro Mayor de Bogota, etc…
Frédéric Audibert a été élevé au titre de Chevalier dans l’Ordre du Mérite Culturel par le Prince Albert II de Monaco.
Il joue le violoncelle de Maud Tortelier, un Alessandro Gagliano de 1720.

Laurent Blanquart
Élève d’Alexandre Lagoya, Laurent Blanquart est une figure majeure de la guitare classique actuelle.
Premier Prix à l’unanimité du CNSM de Paris, où il a d’ailleurs enseigné durant de longues années, il se produit dans de nombreux pays aussi bien en musique de chambre qu’en musique symphonique. Il a ainsi partagé la scène avec les plus grands orchestres français et internationaux : l’Orchestre National de France, le Capitole de Toulouse… Depuis plus de 30 ans, il se produit également en récital dans les plus grandes villes d’Europe.
Ses partenaires en musique de chambre sont Béatrice Uria-Monzon, Inva Mula, Roberto Alagna, le Quatuor Talich, le Quatuor Debussy, le Trio George Sand, Vincent Lucas, Marielle Norman, Claude Di Benedetto avec le « Nice Guitar Duet »…
Très impliqué dans divers projets culturels à dimension humanitaire, il partage avec son ami Vincent Lucas une mission pédagogique sur le continent Africain depuis plusieurs années. En France, des rendez-vous majeurs le sollicitent comme les « Journées Musicales Marcel Proust », les « Soirées Estivales 06 », le Festival « C’est pas Classique », le Festival de Prades… à présent le « Festival Presti Lagoya » à Nice.
Sur le plan discographique, plusieurs de ses albums, dont les Twelves Songs de Toru Takemitsu, ou le DVD du B Guitar Quartet, ont été salués par la critique.
Son dernier projet consacré à Henri Matisse a été l’occasion d’une rencontre artistique avec Thierry Muller. Ensemble, ils ont imaginé un hommage au chef-d’œuvre de Matisse, et réalisé une vidéo au sein même de la Chapelle du Rosaire à Vence. Les Editions Henry Lemoine ont souhaité se joindre à ce travail en éditant la partition, et le Musée Matisse a dès le début loué la synesthésie à l’écoute de Palimpseste : « écouter l’œuvre de Matisse… ».
D’autres projets Musique & Peinture sont à l’étude, notamment en Colombie pour 2024. Laurent Blanquart sera d’ailleurs en Colombie dès le mois d’octobre pour une tournée allant de Carthagène des Indes à Medellin, puis au Guatemala et enfin au Nicaragua.
Laurent Blanquart enseigne au CRR de Nice, et anime la classe de guitare au sein de l’Académie Internationale d’été de Nice comme au stage Roland Dyens.
Il a créé la Suite pour guitare de Thierry Muller, ce qui souligne son engagement pour le renouvellement du répertoire.