Vendredi 30 juillet – 21h30

Vendredi 30 Juillet 2021
21h30

La sérénade aux étoiles

Jardins du Musée Matisse

Programme

Ludwig van Beethoven :
Trio à cordes, op.9 n°1
(Adagio / Allegro con brio  –  Adagio, ma non tanto e cantabile  –  Scherzo  –  Presto)

Wolfgang Amadeus Mozart :
Quatuors avec flûte (intégrale) :
Quatuor n°3 en ut Majeur, K.285b
(Allegro  –  Andantino)
Quatuor n°2 en sol Majeur, K.285a
(Allegro  –  Tempo di Menuetto)
Quatuor n°4 en la Majeur, K.298
(Andante  –  Menuetto  –  Rondeau)
Quatuor n°1 en ré Majeur, K.285
(Allegro  –  Adagio  –  Rondeau)

Philippe Bernold flûte
Agnès Sulem violon, Jean Sulem alto 
Hélène Dautry violoncelle

13 minutes suffisent à dérouler le Quatuor en ré Majeur, 8 minutes pour celui en sol Majeur (certes en 2 mouvements seulement) : les quatuors avec flûte de Mozart sont des pages relativement brèves, d’allure légère et insouciante. On est proche de l’aubade.
Malgré son opéra titré Die Zauberflöte (« La Flûte enchantée », auquel il tenait beaucoup), malgré 2 concertos écrits à Mannheim pour la flûte, malgré le concerto pour flûte et harpe (écrit à Paris), et malgré enfin ces 4 quatuors pour flûte et cordes, Mozart n’éprouvait aucune attirance particulière pour cet instrument : pire, la flûte l’insupportait ! Il faut dire que la facture instrumentale de l’époque n’était pas celle que nous connaissons aujourd’hui (si Poulenc avait dû se contenter des instruments de l’époque de Mozart, il n’aurait sans doute jamais eu l’idée de composer cette merveilleuse sonate pour flûte et piano qui nous ravit tant, en particulier son 2ème mouvement si diaphane et si sublime)… Mozart préférait nettement la clarinette (ou son double : le cor de basset). On comprends dès lors que toutes les pages écrites pour la flûte sont en réalité des œuvres de commande, et ces 4 quatuors ne font pas exception.
En 1777, Mozart a 21 ans et se rend à Paris avec sa mère : en route, il s’arrête à Mannheim (devenu à cette époque un centre culturel incontournable, et nanti d’un orchestre dont la qualité faisait l’admiration de tous). C’est à Mannheim, justement, que Mozart fut mis en relation avec un personnage fortuné, Willem van Britten Dejong, flûtiste amateur dont le plaisir était de commander aux compositeurs des œuvres qu’il pourrait jouer lui-même dans le cadre de petits concerts privés. Tout naturellement, Dejong commanda à Mozart « 3 kleine, leichte und kurze Concerti und ein Paar quattro auf die flötte » (« 3 petits concerts courts et légers et deux quatuors pour la flûte »). De cette commande résulteront les quatuors en ré et sol Majeur, ainsi que les 2 concertos pour flûte et orchestre (écrits eux aussi à Mannheim en 1778).
Les 2 autres autres quatuors, en ut et la Majeur, furent écrits – eux – beaucoup plus tard, lorsque Mozart était installé à Vienne : le Quatuor en ut date vraisemblablement de l’année 1781, et vraisemblablement conçu à l’intention du flûtiste Johann Baptist Wendling (que Mozart avait connu lorsqu’il se trouvait à Mannheim). Quant au Quatuor en la, on le situe vers l’année 1786, date où fut présenté à Vienne un opéra de Paisiello (Le gare generose) et dont Mozart parodie une mélodie dans son quatuor. En fait, cet ultime quatuor recèle plusieurs citations de provenances diverses (dont une chanson française) que Mozart s’amuse à détourner : on est proche ici de la plaisanterie musicale.

Le Trio opus 9 n°1 de Beethoven, qui ouvre la soirée, nous ramène à la période des jeunes années du compositeur. Beethoven n’avait pas encore osé se confronter au genre du quatuor, ni à celui de la symphonie. Aussi choisit-il le trio pour parfaire ses techniques de compositions. Entre 1792 et 1798, Beethoven écrira 4 Trios (dont les 3 de l’opus 9 qui se présentent comme d’incontestables réussites et marquent une nette évolution vers un style qui deviendra « le style beethovénien »). Beethoven était si fier de son opus 9 qu’il le déclara comme « la meilleure de ses œuvres » : parole de jeune homme, inconscient de son parcours à venir et au seuil d’une maturité qui verra naître tous les chefs-d’œuvre que nous connaissons aujourd’hui !
Jean-Noël Ferrel

W.A. Mozart

Beethoven en 1803

BIOGRAPHIES

Philippe Bernold

Philippe Bernold commence ses études musicales dans sa ville natale (Colmar) en étudiant la flûte, puis l’harmonie et la direction d’orchestre sous la conduite de René Matter, disciple de Münch.
Entré au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, il obtient un brillant 1er Prix de flûte et est nommé l’année suivante, à l’âge de 23 ans, Première Flûte solo de l’Orchestre de l’Opéra National de Lyon.
En 1987, il obtient le Premier Grand Prix du Concours International Jean-Pierre Rampal.
Cette distinction lui permet de démarrer une carrière de soliste en compagnie des artistes et des orchestres les plus réputés. Il joue avec Rostropovitch, Rampal, Capuçon ou Tharaud en compagnie des orchestres de Paris ou Tokyo, sous la direction de Gardiner, Maazel, Bychkov ou Menuhin… dans des salles aussi prestigieuses que le Théâtre des Champs-Elysées ou la Salle Pleyel à Paris, au Royal Festival Hall de Londres, au Bunka Kaikan de Tokyo, au Seoul Art Center, à la salle Tchaïkovski de Moscou…
Il revient à la direction d’orchestre en 1994 lorsqu’il fonde, encouragé par son maître John Eliot Gardiner, « Les Virtuoses de l’Opéra de Lyon » qui obtient un vif succès. Depuis, il a dirigé des ensembles comme le Sinfonia Varsovia, le Simon Bolivar de Caracas, la Philharmonie de Baden-Baden, l’Orchestre de Chambre de Paris et de Genève, Kanazawa Ensemble au Japon, Bucheon à Seoul et la Cappella Istropolitana, dont il est le premier chef invité depuis 2003.
Son premier disque lui vaudra en 1989 le Grand Prix de l’Académie Charles Cros. Depuis, Philippe Bernold a réalisé plus d’une vingtaine d’enregistrements pour Harmonia Mundi, EMI… Avec le pianiste Alexandre Tharaud, il réalise plusieurs enregistrements couronnés du « Choc » (Monde de la Musique) et du « Diapason d’Or». Avec l’Orchestre de chambre de Paris, il a enregistré récemment le concerto pour flûte ainsi que le concerto pour flûte et harpe de Mozart (Emmanuel Ceysson, harpe) comme soliste et chef pour le label Aparté.
Philippe Bernold est professeur de musique de chambre et de flûte au Conservatoire National Supérieur de musique de Paris.

Agnès Sulem

Agnès Sulem est 1er violon du Quatuor Rosamonde (quatuorrosamonde.com) depuis sa création en 1981 et professeur de musique de chambre – classe de quatuors à cordes – au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon depuis 2012.
Le Quatuor Rosamonde a gagné de nombreux prix dans des concours internationaux (Prix du Concours International d’Evian, Premier Prix du Concours International de Quatuors de L’Union des Radios Européennes à Salzbourg) et mène une carrière internationale.
La discographie du Quatuor Rosamonde est riche de plus d’une trentaine de CDs et DVDs pour les labels Harmonia Mundi, Arion, Fuga libera, ZigZag territoires, Transart, Editions Jade… distingués par les plus hautes récompenses, dont le Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros. Elle témoigne de son souci d’aborder le répertoire le plus varié, des classiques viennois à la musique française et à la création contemporaine.
Plusieurs films sur le Quatuor Rosamonde ont été réalisés par Vincent Bataillon : « Notes pour un Quatuor » porte sur le processus de création dans l’interprétation des quatuors de Beethoven , « Au cœur de la musique de notre temps », filmé à l’Abbaye de Fontevraud, est consacré à la musique française, et « Ainsi la Nuit » témoigne de la longue collaboration du Quatuor Rosamonde avec le compositeur Henri Dutilleux qui considérait la lecture de son quatuor « Ainsi la Nuit » comme la version de référence de l’œuvre.
Le nouvel enregistrement du Quatuor Rosamonde, paru chez Arion au Printemps 2020, est dédié aux quatuors de Beethoven : n°14 opus 131, n°15 opus 132 et Grande Fugue opus 133.
Le Quatuor Rosamonde est très actif dans le répertoire contemporain et de nombreux compositeurs ont écrit pour lui. Il a travaillé en particulier en étroite collaboration avec Pascal Dusapin, Philippe Fénelon, Renaud Gagneux, Philippe Hersant, György Kurtág, Jacques Lenot, Michèle Reverdy, François Sarhan, Eric Tanguy, Ton-That Tiêt. Il a également bénéficié de collaborations inspirantes avec des artistes tels que Raphaël Hillyer et Eugene Lehner, altiste du Quatuor Kolish et ami de Schoenberg et Bartók.
Parallèlement à son activité de chambriste, Agnès Sulem s’est produite en soliste avec l’Ensemble Intercontemporain, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, l’Orchestre de Cannes Provence-Alpes-Côte-d’Azur, l’Orchestre Philharmonique de Nice, l’Orchestre International des Jeunesses Musicales sous la direction de Pierre Boulez, Maurizio Kagel, Pol Mule, Philippe Bender, Jean-Marc Cochereau, Marcello Viotti.
Agnès Sulem a étudié au Conservatoire de Paris où elle a obtenu un Premier Prix de violon et un Premier Prix de musique de chambre. Elle est aussi docteur en mathématiques.
Agnès Sulem est « Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur ».

Jean Sulem

Jean Sulem a fait ses études au Conservatoire de Paris dans la classe de Serge Collot. En 1981, Pierre Boulez le choisit pour devenir soliste de l’Ensemble Intercontemporain. Il jouera alors dix ans avec cet ensemble. Très actif dans création contemporaine, il a interprété dans les plus grands festivals internationaux des pièces maîtresses du répertoire soliste contemporain de l’alto et suscité de nombreuses créations. Il a réalisé plusieurs enregistrements comme soliste avec l’Ensemble Intercontemporain, notamment Chemins II de Luciano Berio sous la direction de Pierre Boulez.
A côté de son activité de soliste, Jean Sulem mène une importante carrière de chambriste. Il est, depuis sa fondation en 1981, l’altiste du « Quatuor Rosamonde ». Il a joué comme soliste ou musicien de chambre dans les plus grands festivals internationaux, dans le monde entier, et a enregistré plus de trente CD.

Pédagogue réputé, il est depuis 1990 professeur d’alto et de musique de chambre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il est également professeur à l’Académie Tibor Varga à Sion (en Suisse) depuis 1990, et professeur à l’Académie internationale d’été de Cervo en Italie depuis 1996. Il donne régulièrement des cours d’interprétation en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Il est également invité comme membre du jury des concours internationaux. Plusieurs de ses anciens élèves occupent des places de solistes dans les grands orchestres européens ou sont membres de quatuors à cordes renommés.

Hélène Dautry

Le parcours d’Hélène Dautry est atypique par l’exceptionnelle rapidité de son déroulement. Initialement orientée vers une formation pianistique, elle débute le violoncelle à l’âge de quinze ans et obtient cinq ans plus tard l’admission au CNSM de Paris dans la classe de Maurice Gendron. Cette rencontre deviendra le socle inaltérable de son évolution, et la conduira à l’obtention d’un brillant 1er Prix de violoncelle au CNSM de Paris. Elle poursuit sa formation en suivant un 3ème cycle de perfectionnement dans ce même établissement. Soliste de l’Orchestre de Chambre Jean-François Paillard pendant une quinzaine d’années, aux côtés du violoniste Gérard Jarry, elle s’est produite en soliste avec cet ensemble dans les plus prestigieuses salles du monde. Hélène Dautry a développé une large activité de concertiste et poursuit parallèlement une carrière de professeur. Titulaire du C.A, elle enseigne actuellement au Royal College of Music de Londres, au CRR de Paris, à l’Ecole Normale de Musique de Paris.

Elle a joué sous la direction de Jean-Pierre Wallez, Peter Csaba, Sergio Lamberto… En Avril 2019, à La Grange au Lac d’Evian, avec l’Orchestre Franz Liszt de Budapest sous la direction de Péter Tfirst, elle a été l’interprète de Boccherini et Bruch. En 2016, pour le label Lyrinx, Hélène Dautry a enregistré les deux sonates de Brahms avec la pianiste Sandra Chamoux.

On la trouve en récital au Wigmore Hall à Londres avec Bruno Rigutto (2015), et aux côtés d’artistes tels que Catherine Collard, Jean-Claude Vanden Eyden, Romano Pallottini, Mila Goldvasser, Roberte Mamou, Laurent-Albrecht Breuninger, pour ne parler que de ses rencontres les plus marquantes… Avec la violoniste Birgitte Stærnes, Hélène Dautry parcourt le répertoire exigeant pour la formation duo Violon/ Violoncelle et se produit régulièrement en Norvège, en France…

Passionnée par la musique de chambre, Hélène Dautry a été membre du « Trio Ars Longa » (Sandra Chamoux, Birgitte Stærnes, Hélène Dautry) qui s’est produit en juin 2019 dans la prestigieuse Purcell Room au Royal Festival Hall de Londres, concert salué chaleureusement par la critique du Musical Opinion.

Elle est régulièrement invitée à donner des master-classes (France, Italie, Angleterre, Chine, Russie). Egalement invitée dans de prestigieuses académies internationales d’été (Nice, Tignes, Brescia, Bruges, Fontainebleau), Hélène Dautry se passionne pour le partage, la transmission et les affinités électives.

 

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